A Nice, la permanence du maire Christian Estrosi, qui s'est rallié début septembre à l'ex-Premier ministre, collectait lundi les derniers parrainages, à la veille de la date-butoir.

Difficile de trouver des raisons de fond qui motivent le choix des militants: "J'ai suivi Christian Estrosi, j'ai voté Fillon", proclame Emilie Léger, 65 ans, toute à sa tâche non loin du portrait de Nicolas Sarkozy.

Et si Christian Estrosi avait choisi Copé? Silence. "J'en sais rien, je n'ai pas réfléchi à la question", avance cette retraitée du notariat qui salue "la stature d'homme d'Etat" du favori des sondages, et précise: "Au téléphone, les militants nous disent: il faut que Sarkozy revienne. Il va revenir en 2017. C'est l'espoir de tous les militants".

Arrive une autre retraitée, Paulette, qui apporte deux parrainages pro-Fillon, "par sympathie pour Eric Ciotti", président du conseil général et directeur de campagne de l'ex-Premier ministre: "Nous sommes originaires du même village".

"Je pense que François Fillon est plus rassembleur", lance Gérard, un VRP d'une soixantaine d'années, qui dépose en coup de vent son soutien.

Au total, MM. Estrosi et Ciotti, les deux hommes forts -et rivaux- du département, pourraient amener 4.000 soutiens à François Fillon, sur les 12.000 adhérents de la troisième fédération UMP de France.

Leur alliance derrière François Fillon fait jaser, surtout chez les partisans de M. Copé: "Ils n'étaient pas rivaux?", s'interroge Adrien Corbière, retraité. "Ces deux là, ils vont là où il y a le vent", lance Paula, 73 ans.

A l'ouest du Var, la très copéiste députée-maire du Cannet, Michèle Tabarot, revendique elle 3.000 parrainages. Une belle performance alors que "le clan Fillon regroupe l'immense majorité des élus de ce département", s'agace un autre soutien local du député-maire de Meaux.

"Ils ont convoqué les fonctionnaires territoriaux et les présidents d'association UMP pour voter en faveur de Fillon", assure cet élu pro-Copé, qui se réjouit: "Cela veut dire que les militants vont faire un choix différent de celui qu'on veut leur imposer". Du Copé dans le texte, qui joue la base contre les "barons".

Lors d'une réunion à Saint-Laurent-du-Var lundi soir, le candidat lui-même a taquiné le maire Henri Revel, un des parrains de François Fillon: "Mon défi est de vous convaincre de voter pour moi, d'autant que cette fois-là ce sera dans un isoloir. Vous pourrez le faire en toute liberté".

Présent à cette réunion, un militant UMP de Menton, Sébastien Loffredo, assure soutenir Copé pour prendre à contre-pied le député-maire filloniste de sa ville, Jean-Claude Guibal, "en place depuis 25 ans et qui a tous les pouvoirs".

Cet agent immobilier salue aussi le "dynamisme et la jeunesse" du maire de Meaux: "François Fillon me paraît plus comme un Hollande de droite. Pour contrer le Front national, il faut une droite républicaine forte".

Dans un parti "pyramidal", qui a le culte du chef, les débats tentent de rester policés, mais avivent parfois les brûlures de l'histoire. Christian Estrosi a ainsi qualifié Michèle Tabarot de "libérale anti-gaulliste". Réponse de l'intéressée: "Je suppose que ma présence sur le ticket Copé suscite peut-être de sa part un peu de jalousie. A moins qu'il ne me traite d'anti-gaulliste au motif que mes parents sont pieds-noirs"...

Jusqu'au scrutin du 18 novembre, les campagnes de MM. Copé et Fillon devraient souvent repasser forcément de part et d'autre du Var.